ZONE À ÉTENDRE
En 45 petits tableaux, la pièce donne à voir et à entendre des personnages « ordinaires », sans prénom, mais dont la singularité se dessine patiemment par les différents récits de leur vie d’avant. Des vies un peu trop réglées pour que les corps ne finissent par se verrouiller, se dévitaliser, et qu’apparaisse un bruissement intérieur, un léger déraillement, un infime vertige, « quelque chose » d’indéfini et qui ouvrira une brèche. Il s’agit d’abord d’une sensation physique, puis d’un mouvement individuel dans une pulsion de survie. Et un jour, ces destins se réunissent dans une forêt, pour former une petite communauté qui marche dans la même direction, et finit par former un « nous ». Ces gens-là doutent, se questionnent, sont traversés par des contradictions, ne connaissent pas encore leurs demains, mais ils ont fait le choix de déserter ensemble, quitte à perdre leurs repères.
Mariette Navarro nous invite à repenser des « possibles », mais sans heurt ni brutalité. Avec calme et intransigeance, il s’agit de se réapproprier les espaces naturels, et de désapprendre ce qui a trop longtemps ankylosés nos corps.
Et si ces micro-insurrections se multipliaient massivement, quels conséquences pour la stabilité du pouvoir d’Etat ?
Et si vous aussi, cher public, vous preniez la route avec les 19 amateur·rice·s du Théâtre Joliette ?
Publié le 03/04/2024