POLÉMIQUE

Un tatami, deux horloges, deux enceintes et eux. Leurs corps, usés par le travail, ces deux acrobates se livrent à un dialogue bien singulier. Ils s’accrochent l’un à l’autre, s’agrippent sans délicatesse, se retiennent pour ne pas s’effondrer, réduisant inexorablement l’espace qui les sépare.

Entre la grâce d’un tango et la férocité de la lutte, leurs mouvements, empreints d’une curieuse violence contenue, témoignent d’une perte irrémédiable : nostalgie de l’harmonie qui les unissait autrefois peut-être ?

Aérien et virtuose, le langage gestuel emprunté au jiu-jitsu brésilien, exacerbe le contact des corps et leur perméabilité. Ils se cherchent, se collent, se cognent, s’enlacent, pour mieux s’appréhender et se comprendre. À travers ce duo suspendu, le collectif avignonnais NAÏF production avance une expérience poétique de lutte contre la solitude et l’oubli.