Carnets de là-bas · Sonia Wieder Atherton, Clément Cogitore
En 1980, la jeune Sonia Wieder-Atherton quitte Paris pour compléter ses études de violoncelle auprès de la grande pédagogue Natalia Shakhovskaya, au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou. Dans cette U.R.S.S. qui vit ses dernières années de gel avant le grand printemps de la perestroïka, la tristesse s’illumine de fugaces éclats de rires et de délires, la peur et le souvenir du totalitarisme stalinien s’oublient dans l’imaginaire artistique de traditions musicales préservées, et géographique des vastes territoires sibériens, où Shakhovskaya était née. C’est durant un autre enfermement, celui du confinement, rêvant à un nouvel ailleurs, que Sonia Wieder-Atherton a commencé à coucher des mots sur le papier et leur associer les notes de ses compositeurs préférés, du baroque à la musique russe. Clément Cogitore a créé pour ce concert un dispositif de projections mettant en regard le monde sous surveillance des humains dans la métropole de Moscou et le vertige existentiel des solitudes d’Asie centrale, auxquelles il avait déjà consacré plusieurs films. Alors que la Russie sombre encore dans une folie sanglante, ce chant d’amour est aussi un appel lancé par-delà les nouveaux murs dressés.
Publié le 06/10/2023