Laissez-vous conter Boulogne-sur-Mer ! La ville met en place un complet programme de visites guidées thématiques, poremparts.JPGur commencer par une découverte de la ville, faire connaissance avec son château et ses fortifications, quelques personnages célèbres, le quartier de Bréquerecque, le premier port de pêche français, ou encore la saurisserie... Une incursion dans l'histoire du patrimoine boulonnais accompagnée, thématique, et même nocturne pour les retardataires, une jolie façon de découvrir cette ville au riche passé, sur les hauteurs fortifiées.

« Je lui disais toujours que je l'emmènerais à Boulogne, prendre des bains de mer », monologue Dostoïevski dans La Douce en 1876. L'écrivain russe nous souffle là une bonne idée : pique-nique en bord de mer, baignade revigorante pour les plus courageux, avant de s'enchateau.JPGgouffrer dans la douce fraîcheur du château-musée, au sommet de la vieille ville, au creux des fortifications. 

Un château comtal, construit entre 1227 et 1231, au décor enchanteur, classé monument historique, que l'on peut parcourir d'abord pour son intérêt historique : souterrains gallo-romans, salles de la Barbière et des gardes, chapelle. Mais aussi pour les splendeurs qu'il renferme, sur les traces du fameux égyptologue boulonnais Mariette Pacha, ou la première collection de céramiques grecques en province. Côté Beaux-Arts, des grands noms également : Gallé, Courbet ou Corot, sans oublier l'espace consacré à une autre Boulonnais de renom : Georges Mathieu, maître de l'abstraction lyrique. Ce qu'il ne faudra surtout pas rater, masque2.jpgc'est l'exposition temporaire exceptionnelle sur les masques d'Alaska. Pourquoi de tels trésors, venus du Grand Nord, à Boulogne ?

En 1871, l'ethnologue boulonnais Alphonse Pinart, même pas 20 ans, part en voyage de recherche sur l'île de Kodiak, dans le Golfe de l'Alaska, où il passe l'hiver. Il en ramène des masques rituels, colorés, en bois brut, ornés de plumes, sur des planchettes, destinés, associés à des danses et des chants, à assurer les prospérité des chasses prochaines, lors des festivals d'hiver. Ces 70 masques, ainsi que des objets du quotidien, dont certains prêtés par le Qumasque3.jpgai Branly, de cette époque, permettent de découvrir la vie de ces populations. On commence, dans une scénographie léchée, mettant parfaitement dans l'ambiance et valorisant bien les merveilles exposées, par découvrir la vie quotidienne sugpiaq (le nom de ce peuple), puis on se penche plus en détail sur les masques, masque4.jpgtous plus impressionnants, beaux, les uns que les autres, atmosphère particulière, presque mystique... Des masques, plus ou moins grands, appelés giinaquq, ce qui signifie « comme un visage, mais pas vraiment » : et c'est vrai que l'on se laisse happer par ces regards, bienveillants, transperçants, interrogatifs, plus inquiétants... Une autre partie de l'exposition montre comment ces magnifiques joyaux, conservés toutes ces années à Boulogne (la plus grande collection au monde), aident aujourd'hui le peuple sugpiaq à retrouver ses racines, après avoirmasque5.jpg été colonisé par les Russes, puis américanisé après 1867... L'île compte 15 000 habitants, dont seulement 35 parlent encore la langue ancienne. Le travail d'étude des masques s'est fait main dans la main entre chercheurs boulonnais et sugpiaq, des artistes de l'archipel réinterprètent les masques, nouvelles oeuvres colorées contemporaines, les enfants réapprennent la langue ancestrale à l'école, les habitants réinventent les danses et les chants rituels... La dernière partie de l'exposition finit de nous emmener au loin, avec des photos de l'île, des animaux empaillés (prêt du musée d'histoire naturelle lillois), et quelques jeux pour les plus jeunes. On sort de là complètement transporté. Une exposition vraiment épatante, surprenante, transcendante !

Pour se remettre de toutes ces émotions, si vous visitez un dimanche, attardez vous sur les terrasses du château, dans la cour du musée, pour des concerts gratuits : Swingin' partout, North Gospel Quartet, les Fées railleuses, ou encore les Nanas fêlées viendront mettre l'ambiance !