Pzzle festival : Only U

Il est donc de retour. A l’heure de la concurrence acharnée entre les différents opérateurs de festivals, les artisans du Pzzle évoluent dans une autre dimension. Dans cette division où pourraient évoluer le Micro de Liège ou le Dunk de Zottegem, le Pzzle ne cherche pas à aligner la grosse cavalerie, mais bien à s’amuser avec ses coups de coeur musicaux. Loin d’être une réduction des mastodontes, le Pzzle joue sur sa singularité. Pas de journées marathon, l’espace d’un week-end on fôlatrera entre conférences sur le « zéro déchet », musique-cause animale et quinoa, une exposition de Damien Elm, des ateliers musicaux, sérigraphie, du fooding et l’inévitable Indie Market avec du vide dressing, du graphisme, de la fringue, du tatouage...Du bio, du bobo mais rien ne vous empêche de vous rendre au Pzzle avec votre junk-food et de balancer l’emballage de votre paquet de chips dans un moment d’exultation musicale et de révolte contre les forces du bien.

Plus clivante, la programmation musicale reste la colonne vertébrale du Pzzle. Dès la première vertèbre, au « Bar Bulle », on pourra découvrir gratuitement le duo Delacave venu retaper sur scène ses sorties de grange post synth-punk, puis Volcan La Pete où de vieux briscards de Bodybeat et Bison Bisou retrouvent leurs émois adolescents dans un groove souillé. Enfin TOCC (Ternoy, Orins, Cruz, Christian Pruvost), meilleur groupe de rock de jazz, viendra libérer le binaire en dégrafant bien des combinaisons pour panorama sur les gorges profondes de l’expérimentation et de l’impro.

Pour l’accès à la Grande Salle, il faudra s’arrêter au péage. La barrière levée, plus aucun obstacle pour Le Réveil des Tropiques. Agglomérat de membres de l’underground rock-expé français, ce quintet ne joue pas les vétérans. Psychédélisme tendu, étirements drone, macération kraut, explosion noise Le Réveil des Tropiques vous cloue au lit avec une sacrée fièvre. On pousse un peu les amplis pour dérouler le tapis imprégné de cold wave et de mutant disco de Vox Low. Prompt à réveiller les morts et à corrompre une jeunesse ignorant tout de la French Touch, Vox Low est la mise en jambe, et en bière, avant le concert de Frustration. Une belle prise que cette tête d’affiche, avec un Frustration trans-générationnel, balafre nerveusement tracée sur le visage de tous les ravis d’un rock sombre, sueurs froides et autres chorégraphies crispées.

On redescendra dans les tours avec Coming Soon et sa pop à la nonchalance feinte. Une excellente invitation à traînailler en compagnie d’un groupe attachant, parvenant à transcender ses influences sans passer par la case enfumage. Grosse impatience pour la nouvelle incarnation artistique d’Electric Electric. Plus incisif et chirurgical, le trio strasbourgeois ne s’autorise aucun déchet pour atteindre une transe capable de dépasser le mur du son rock et de prendre de la hauteur vers des contrées plus aventureuses. Vraiment une des grosses attentes de cette édition. Il faudra tout le talent electro de La Mverte pour faire redescendre tout le monde dans les douceurs d’une ouate où germent les semences précieuses des beats underground 80’s.