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théâtre

No limit !

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Quel est l’enfoiré qui a commencé le premier ? nous demande Dejan Dukovski. Les élèves de l’EPSAD sous la direction de Stuart Seide lui répondent…

 Dans un hangar désaffecté qui pourrait bien être à Calais ou dans tous ces improbables lieux du monde où se retrouvent les candidats à l’entrée dans les pays « riches », ceux où liberté rime avec profit et indifférence, une quinzaine d’hommes et de femmes venus des Balkans ont colonisé la scène et y vivent une tranche de vie ponctuée par l'agressivité, voir la mort. Quelques notes d’accordéon donnent le départ de cette pièce loufoque et déjantée où l’absurde et le trash disputent la première place à une violence orgiaque et désespérée qui n’exclut ni la poésie, ni l’humour. Si l’agonie du vieux monde a un sens quelconque, c’est dans les Balkans à la fin du XXe siècle, qu’elle a commencé avec cette guerre absurde qui a fait ressurgir en Europe des démons d’un autre âge que l’on croyait disparus avec la modernité.
« L’amour et la mort ne se laissent pas expliquer, il faut les essayer ». Dejan Dukovski

L’incompréhension totale entre les peuples des Balkans qui n’en ont malheureusement pas l’exclusivité - et qui va jusqu’à la guerre - trouve dans les rapports homme/femme une troublante analogie que Dukovski, jeune auteur macédonien, exploite à fond. Ici, les femmes sont sentimentales et attendent des hommes qu’ils leur disent « quelque chose de beau » quand tous les hommes ou presque ne pensent qu’à tirer leur coup. Les grands idéaux que sont "Sens, Joie, Foi, Espérance, Amour, Honneur, Péché" - les titres des sept cercles qui composent l’enfer de Dejan Dukovski en référence à celui de Dante - sont bafoués et en voie de décomposition avancée… Les anges déchus perdent leurs plumes et mangent des fraises, et c’est Docteur Phallus qui nous raconte l’histoire chaotique des Balkans. « La mort est belle, le monde est absurde, la politique est folie… Où sont partis les Dieux ? nous disent ces migrants dont la pulsion de vie rejoint celle de mort dans un joyeux charivari apocalyptique.
Pour leur spectacle de sortie, les élèves de la seconde promotion de l’EPSAD (école professionnelle supérieure d’art dramatique rattachée au Théâtre du Nord) donnent ici le meilleur d’eux-mêmes. Ils jettent sur la scène avec tout l’engagement et la sincérité dont ils sont capables, la vitalité et l’énergie que cette descente aux enfers appelle. Ici, il faut être vrai, l’acteur doit s’engager pleinement corps et âme dans le jeu théâtral, il doit « incarner » sans tricherie possible. Stuart Seide dirige cette mise en danger permanente avec liberté et virtuosité et réussit là un tour de force, créer une dynamique de groupe à partir d’une suite de scènes à deux ou à trois personnages. Quant au clin d’œil à Kusturica, il est permanent…

Publié le 21/06/2009 Auteur : Françoise Objois

 Dans le cadre de Vents d’Est et Europe XXL.
Du 26 juin au 2 juillet 2009
Théâtre du Nord, place du Général de Gaulle à Lille.
Tél.03.20.14.24.24.

Mots clés : théâtre