No limit !
Quel est l’enfoiré qui a commencé le premier ? nous demande Dejan Dukovski. Les élèves de l’EPSAD sous la direction de Stuart Seide lui répondent…
L’incompréhension totale entre les peuples des Balkans qui n’en ont malheureusement pas l’exclusivité - et qui va jusqu’à la guerre - trouve dans les rapports homme/femme une troublante analogie que Dukovski, jeune auteur macédonien, exploite à fond. Ici, les femmes sont sentimentales et attendent des hommes qu’ils leur disent « quelque chose de beau » quand tous les hommes ou presque ne pensent qu’à tirer leur coup. Les grands idéaux que sont "Sens, Joie, Foi, Espérance, Amour, Honneur, Péché" - les titres des sept cercles qui composent l’enfer de Dejan Dukovski en référence à celui de Dante - sont bafoués et en voie de décomposition avancée… Les anges déchus perdent leurs plumes et mangent des fraises, et c’est Docteur Phallus qui nous raconte l’histoire chaotique des Balkans. « La mort est belle, le monde est absurde, la politique est folie… Où sont partis les Dieux ? nous disent ces migrants dont la pulsion de vie rejoint celle de mort dans un joyeux charivari apocalyptique.
Pour leur spectacle de sortie, les élèves de la seconde promotion de l’EPSAD (école professionnelle supérieure d’art dramatique rattachée au Théâtre du Nord) donnent ici le meilleur d’eux-mêmes. Ils jettent sur la scène avec tout l’engagement et la sincérité dont ils sont capables, la vitalité et l’énergie que cette descente aux enfers appelle. Ici, il faut être vrai, l’acteur doit s’engager pleinement corps et âme dans le jeu théâtral, il doit « incarner » sans tricherie possible. Stuart Seide dirige cette mise en danger permanente avec liberté et virtuosité et réussit là un tour de force, créer une dynamique de groupe à partir d’une suite de scènes à deux ou à trois personnages. Quant au clin d’œil à Kusturica, il est permanent…
Publié le 21/06/2009