Sortir : Le répertoire classique, c'est une première pour vous ?
Armelle :
Quasiment en fait, oui. J'ai joué beaucoup de scènes du genre à l'époque où je prenais des cours de théâtre, il y a eu également un spectacle pour enfants regroupant des pièces de Molière... je suis enchanté de pouvoir enfin jouer du classique, j'adore ça !

Sortir : Du Feydeau qui plus est, maître ès burlesque et vaudeville...
Armelle :
Oui c'est vrai... Pour moi, jouer Feydeau, ça s'est fait extrêmement naturellement : je suis à l'aise dans l'époque, la culture, la façon de vivre de ses protagonistes. Et puis pour ce genre de pièces, il y a des codes de rythmes, comme dans la musique, à imprimer en suivant le texte, mais aussi beaucoup de didascalies très précises. Au final, lorsqu'on parvient à faire exactement ce qui est demandé, c'est magique.

Sortir : En l'occurrence ici, c'est plus exactement une adaptation d'une pièce de Feydeau.
Armelle :
En fait, on a pris des morceaux d'une pièce de Feydeau, et on l'a associée à une pièce de Courteline, La peur des coups... au final, ça fonctionne très bien : la pièce parle d'un moment précis de l'Histoire d'un pays, la France, et de la société française, à travers l'une de ses composantes, la bourgeoisie. Jouer Feydeau, c'est en quelque sorte, goûter à la quintessence du théâtre à la française, comme peut l'être Oscar Wilde pour les Anglais.

Sortir : Et donc votre personnage se révèle peu pudique...
Armelle :
Oui, mais encore une fois il faut voir ça en fonction de l'époque, où l'habillement des femmes étaient très complets, corset, sous-corset, chemise de jour... dans la pièce, je me trimballe en chemise de jour justement : comparé à aujourd'hui, ça reste très habillé, alors qu'à l'époque, dans une société codifiée, c'était très inconvenant, déplacé. Et puis il faut également bien cerner la pièce où il est question de choses de société, rien à voir avec James Bond ou Titanic : elle, elle est là dans la maison, elle se balade, son mari lui, reçoit un concurrent politique, et elle se comporte comme si de rien était... cela entraîne des quiproquos, des disputes, c'est drôle, délicieusement d'une autre époque.

Sortir : On vous voit chanter, danser également dans la pièce, un peu à l'image de votre parcours touche-à-tout...
Armelle :
J’adore chanter ! Et donc oui, il y a un moment musical dans la pièce, avec une chanson de Mistinguette… mais en fait le théâtre, la chanson, le cinéma, la télévision, il n’y a pas une chose que je préfère, j’aime profiter des expériences les unes après les autres, au fur et à mesure qu’elles se présentent à moi.

Sortir : Et donc ce sera une première pour la pièce à Bordeaux…
Armelle :
Bordeaux est une ville que j’adore et que j’ai vu s’embellir au fil des années ! Mais au-delà de ça, j’aime profiter de tranches de vie, d’un quotidien différent de celui que je connais chez moi, je m’installe, je prends mes petites habitudes… Alors, venir plusieurs jours pour jouer le spectacle, une création pour les Fêtes de Noël, cela m’enchante ! En plus, je sais que la pièce est bonne, je suis prête à donner le meilleur, c’est très excitant ! Et puis jouer au Trianon, un théâtre avec une histoire, à taille humaine, jouer sans micro, j’adore ce côté un peu artisanal… parce que le théâtre, ce n’est pas que Paris : il se passe aussi plein de choses partout en France.

Sortir : En plus, c’est un retour au théâtre après 5 ans de one-woman-show.
Armelle :
Dont deux années de tournée, pendant laquelle je suis également passée par chez vous, à Bruges… C’est vrai que j’ai beaucoup joué seule, du coup désormais je privilégie davantage les projets en groupe, j’adore être avec d’autres gens !

Sortir : Justement, les gens, et plus exactement le grand public, vous associent à une image joviale, excentrique… Quel regard portez-vous là-dessus ?
Armelle :
C’est pas franchement à moi d’en parler… mais ça fait plaisir de voir que les gens m’aiment bien. Moi, je prends les choses comme elles viennent, je m’efforce d’être moi-même tout en restant modeste… et c’est vrai que ce qui se dit est plutôt cohérent avec ce que je pense que je suis.