La fille de Brest
C'est un drôle de projet, entre la recréation de faits récents, le choix d'une comédienne danoise et le regard avec lequel la réalisatrice Emmanuelle Bercot choisit d'éclairer des faits qui ont encore des conséquences aujourd'hui (les laboratoires Servier faisant plus que traîner les pieds pour indemniser les victimes). En partie basée sur le livre d'Irène Franchon (Mediator 150mg, combien de morts?), en partie construit autour de témoignages directs d'Irène Frachon, le film se veut autant la chronique d'un scandale médical (largement vendu pendant près de 40 ans, le Mediator a provoqué la mort de 500 personnes) autant que le portrait d'une femme de tête et de cœur. Pour l'incarner, le choix d'abord étrange de l'actrice danoise Sidse Babett Knudsen se fait vite pertinent sous la caméra d'Emmanuelle Bercot qui, tout en en faisant l'alter ego d'Irène Frachon tire aussi le personnage vers une singularité bénéfique pour le film. De ce parcours vécu et construit comme un thriller, la cinéaste n'élude rien, pas même les plongées très crues dans les corps touchés, sans doute pour mieux expliquer le cœur de la tragédie qui conduit ce combat. Nécessairement long le film l'est peut-être trop, s'acharnant à suivre son personnage et à décrire sa bataille sous toutes les coutures. Une chronique contemporaine courageuse et salutaire en même temps qu'un film pertinent et réussi.
Publié le 24/11/2016
Moins que le récit de ce qui est devenu le scandale du Mediator, La fille de Brest est le portrait intense d'une femme engagée et de son combat. Un bel exercice de cinéma et un récit édifiant tout à la fois.