Sortir : Racontez-nous cette incroyable aventure !

Hervé Leroy : Bureaux PaindavoineAu départ, une grosse volonté de Marc Paindavoine, un architecte bien connu sur la Métropole, qui a pris sa retraite. Il est le fils de l'un des directeurs de l'entreprise, Amédée Paindavoine. Marc pense qu'il y a un passage de témoin à effectuer, mémoire du quartier, du patrimoine, du paysage, dans le Nord, et dans le monde entier. Un côté transmission qui lui importe beaucoup. Marc a réuni notre équipe, Joëlle pour les photos, moi pour les textes et le travail journalistique. Nous avons ensuite rencontré Mémoire de Pierre, qui conserve les archives du domaine, et Jacques Paindavoine, dernier directeur de l'entreprise métallurgique, qui nous a livré son inestimable témoignage. La sortie lors des Journées du patrimoine est une évidence !

 
Sortir : Comment avez-vous travaillé ?
H. Leroy : Un an et demi, deux ans de travail nécessaires pour articuler l'ouvrage et mener les recherches. Joëlle s'est occupée de la partie iconographique, une partie de recherche dans les archives. Quant à moi, j'ai beaucoup travaillé avec les journaux d'époque, la médiathèque de Lille les conserve tous depuis 1850 ! L'Écho du Nord, devenu La Voix du Nord, Le Réveil du Nord ... : on peut suivre l'histoire. Paindavoine se trouvait au cœur des enjeux de la Métropole, produisant des charpentes métalliques pour les deux foires commerciales, ou, ce qui surprend beaucoup de gens, la CCI et son beffroi, et la Grande Garde de La Voix du Nord ; des ponts, sur la Deûle, pont du Petit Paradis et pont du Ramponneau, et l'un des ponts enjambant l'Autoroute A1. Dès 1898, l'usine réalise la gare d'Hazebrouck équipe de foot ouvriers paindavoinepar exemple, continuant de marquer fortement le paysage nordiste, et se retrouve parallèlement dans le monde entier. Je me suis également servi d'une mine d'information : le bulletin mensuel de l'usine, La Voix de l'Usine. L'entreprise disparaît en 1965, et avec elle tout un système bien différent du capitalisme effréné d'aujourd'hui : tout était pris en charge de A à Z pour les ouvriers. Les sacs de charbon, les vacances pour les enfants et les retraités, la bibliothèque, un système de prêt par l'entreprise, les jardins ouvriers, ce qui évitait d'aller un peu trop au bistrot, le logement, la santé... Paindavoine correspond au modèle d'une grande entreprise familiale du Nord.
 
Amédée PaindavoineSortir : Oui, ce qui permet à l'ouvrage, en plus de révéler l'histoire de cette usine, les constructions encore visibles, ici et ailleurs, de présenter également des aspects historiques plus généraux, sur le Nord-Pas de Calais. Beaucoup de lecteurs devraient être intéressés !
H. Leroy : C'est l'une des ambitions du livre, que tout le monde puisse le lire ! Il ne concerne pas que l'histoire de la famille Paindavoine : jusqu'à 800 ouvriers ont travaillé ici, c'est l'histoire du Nord, de la région, avec des lieux que l'on croise tous les jours, le pont hydraulique de Tourcoing, le Rectorat, la tour du fer à cheval à l'entrée du parc Barbieux roubaisien... Nous retraçons une époque où l'industrie était au cœur de la ville, les politiques aujourd'hui voudraient l'y faire revenir. Ainsi, la pépinière Mémoire de Pierre accueille une trentaine d'entreprises, au cœur d'un quartier en construction : 251 logements attendus sur le site de Construction La Voix du Nordl'ancienne usine Paindavoine pour 2014. La conclusion du livre : l'histoire continue ! (Tournant quelques pages du livre) : Regardez ! Là, on découvre la structure de La Voix du Nord, le clocheton arrière ayant été démonté au dernier moment : l'architecte ne voulait par qu'il surplombe les Trois Grâces du fronton. Ici, Amédée Paindavoine monte au beffroi de l'Hôtel de Ville dans un simple seau tiré par une poulie, un défi lancé par les ouvriers qu'il a relevé ! (Nous emmenant pour une visite de l'exposition dans les locaux de Mémoire de Pierre, exposition de plans et photos d'archives :) Voici une cathédrale construite à Alger ! Des immeubles au Caire ! Un pont au Congo belge ! Ami avec Le Corbusier, ces villas au Maghreb et leur physionomie en témoignent, Paindavoine était un concurrent d'Eiffel. On voit sur ces plans ses trois activités, les ponts, les bâtiments et les grues, dont il a équipé tous les ports de France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dont Dunkerque.