Déjà dans Les escamoteurs (Prix du Roman de la Renaissance Française du Nord Pas-de-Calais en 2007), l'auteur, qui se consacre à l'écriture depuis 2002, donnait vie à une intrigue d'une ampleur insoupçonnée autour du monde des assurances. Dans Flandre Noire, il nous plonge dans la Flandre de 1945. Le monde se remet à peine de la défaite des nazis et monsieur Georges, l'instituteur, revient au village de Neucappel après une déportation à Birkenau. Survivant désormais désabusé par les tragédies rencontrées, son cynisme trouve un écho inattendu quand un crime mystérieux a lieu dans la campagne. Un crime parfait, impossible, inimaginable dans la résolution duquel Georges va se plonger.
Blessures secrètes
Outre l'enquête policière classique, plutôt joliment menée, ce qui marque dans ce roman, c'est le poids que parvient à conférer Gilles Warembourg à l'histoire et à la culpabilité. Rongé par la notion de mal qui l'habite depuis son retour de déportation l'instituteur lutte contre des bouffées de noirceur et doit composer avec ses fantômes mais aussi les cicatrices laisées par la guerre, les infirmes, les collaborateurs, les résistants... Entre les ombres de l'histoire et la construction du récit, l'écriture de l'auteur, fluide, fait le lien entre toutes ces blessures secrètes, nourissant l'émotion sans trop la parasiter. Prenant, unique et singulier, ce thriller historique et intime mérite une belle place dans la bibliothèque de tout amateur.
Publié le 23/01/2008