L'EFFORT D'ETRE SPECTATEUR

Pieds nus, sous un chapeau haut de forme, Pierre Notte annonce qu’il vient faire la différence entre un mammifère omnivore et un spectateur ! Acteur, auteur, conférencier, Il se hisse en talons-hauts sur un tabouret tournant. Il prend des risques ! Seul en scène, il parle vite mais avec une diction magistrale.

Le public boit ses paroles. Passionné, brillant, on adore l’entendre parler avec la plus grande compétence de théories théâtrales, sans que cela soit ennuyeux une seconde. Il dresse le portrait du public de théâtre dans tous ses états, quand il s’endort, tousse, baille, ou s’en va... En collant et T-shirt noir, il prend soin de ne jamais se prendre au sérieux et chausse des gants de boxe rouge vif, ou fait sortir de son chapeau haut de forme, des flocons de neige en expliquant qu’ils sont encore plus vrais, parce qu’ils sont faux ! Clown et performeur, faisant du hulahoop tout en citant Deleuze, il explique comment un acteur peut arriver avec sa voix à dessiner un espace. Que signifie la nudité sur un plateau ? 

Il s’expose tout azimut, énonce les efforts, les postures, les joies et les calvaires du passionné de théâtre. Il livre avec un humour cinglant une étude possible de la sociologie des spectateurs et de leurs comportements. Sur le plateau, pas grand-chose d’autre qu’un verre d’eau ou un harmonica, une guirlande lumineuse et un piano droit dont il s’accompagnera parfois pour chanter un petit air. L’auteur illustre son propos par des images réussies ou ratées pour prouver que le spectateur est avant tout un travailleur de la pensée et de l’imagination. Notte met en demeure le spectateur d’y penser et d’en rire avec lui !