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théâtre

LA MOUETTE

LA MOUETTE  (2023)
Entre théâtre et cinéma, au carrefour du réel et de la fiction, de l’image et de la présence des corps, il y a la voie du Collectif MxM. Après Festen et Opening Night, il nous immerge au cœur du classique de Tchekhov, révélé au plus près des vibrations du désir.

La Mouette est une comédie, écrit Tchekhov. Une comédie dans laquelle, pourtant, la mort frappe comme la foudre, et qui s’achève sur ces mots : « Il y a que Konstantin vient de se tuer ». Annoncée un instant avant le tomber du rideau, la mort de Treplev ne sera à jamais suivie que de silence, et entourée de mystère. On pourra dire qu’il meurt d’avoir définitivement perdu Nina, ou de ne pas avoir réussi à être l’artiste qu’il rêvait de devenir. Cyril Teste et le collectif MxM formulent une troisième hypothèse, qui n’exclut d’ailleurs ni la première, ni la deuxième. Le drame de Treplev a quelque chose à voir avec la tragédie d’Œdipe. Avant que Trigorine n’entre dans la vie d’Arkadina, Treplev et sa mère vivent seuls. Sans père. Tchekhov insiste tout au long du texte sur la grande beauté de cette femme de quarante-trois ans, mais aussi sur sa fraîcheur. Dorn ne prétend-il pas qu’elle paraît plus jeune que Macha, âgée seulement de vingt-deux ans ? Et si Treplev était amoureux de sa mère ? S’il la désirait ? Si, même, la relation avec Nina – qui rêve de devenir l’actrice qu’est Arkadina – pouvait être envisagée comme une forme de transfert, ou le moyen tout à la fois de vivre et de contourner le tabou ? L’objectif premier de cette adaptation de La Mouette est d’explorer la relation fils/mère, et d’écrire l’amour fou d’un fils pour sa mère. L’amour fou, et la douleur : Treplev est mal aimé, ou trop peu, ou pas comme il le souhaiterait. Dans la pièce, le projet réformateur de Treplev ne sera donc pas sans lien avec l’intime. Avec sa mère en particulier, et avec l’amant de celle-ci qu’il jalouse autant qu’il méprise.

Publié le 12/01/2023


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