Électre des bas-fonds
Bien sûr, il aurait pu mettre en scène les mots d’Eschyle, d’Euripide ou de Sophocle, auteurs antiques qui ont écrit, à partir du mythe d’Électre, des chefs-d’œuvre de l’histoire du théâtre. Mais Simon Abkarian a préféré revisiter cette histoire de vengeance familiale pour en faire une fable d’aujourd’hui, charnelle et généreuse. Une fable à l’envers dans laquelle, contrairement aux contes rassurants de notre enfance, tout est loin d’être bien qui finit bien. Nous voici dans le quartier le plus pauvre d’Argos. Esclaves, serveuses et prostituées célèbrent comme il se doit la fête des morts. Les meilleurs musiciens sont là : le rock et le blues sont les poumons des réjouissances. La danse, elle, continue là où s’arrêtent les mots. Une vraie fête, donc. Une fête bariolée. Une fête de théâtre qui voit les hommes jouer les femmes, les femmes jouer les hommes. Une fête qui se referme comme un piège sur Clytemnestre et son amant Égisthe. Car à force de prières, Électre a fait revenir Oreste. Ce frère jusque-là exilé va accomplir les voies de son destin. Et de la tragédie.
Publié le 19/05/2021