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CIE SHONEN : INFANTE

CIE SHONEN  : INFANTE (2021)
Pièce chorégraphique au croisement de la danse, d’un concert et de l’art vidéo, Infante connecte en temps réel, par Skype, 4 enfants danseurs à un groupe d’enfants ougandais, les musiciens Wakastarz, qui additionnent des millions de vues sur youtube.

En jeu, une rencontre et un défi spontané, par lequel les pratiques et les créativités devront s’augmenter en vue de la réalisation d’un “double spectacle” : un spectacle se jouant de part et d’autre de l’écran en direction de deux publics simultanément présents, en France et en Ouganda.

ENTRETIEN
Eric Minh Cuong Castaing

Poids ?
Trois méga par seconde, c’est le minimum pour avoir une bonne connexion pour réaliser un concert à distance.

Quelle est la genèse du projet ?
C’est la rencontre avec les Wakastarz, des enfants musiciens vivant dans la banlieue de Kampala en Ouganda. Ils font des millions de vues sur YouTube à partir d’une musique géniale, hyper créative - Reggae, Reggaeton, Afrobeat - recyclant des éléments trouvés dans leur village pour en faire des instruments.

Pourquoi le 3 bis f pour ce projet ?
Le projet s’inscrit dans le dispositif Tridanse qui réunit quatre lieux : le 3 bis f, le Citron Jaune, le Vélo Théâtre et le Théâtre Durance. Nous le menons avec une communauté d’enfants marseillais qui doivent se connecter par le biais d’un grand écran Skype avec des enfants, les Wakastarz, pour faire un concert ensemble. Dans ce projet protéiforme, entre spectacle de danse et concert retransmis en direct par Internet, nous souhaitons tester différentes configurations scéniques dont la salle de concert, un grand plateau de théâtre, la rue et dans la confrontation avec différents publics. Ce parcours de résidences est propice à cela !

Comment travaillez-vous ?
Nous sommes plusieurs dans un projet qui existera entre l’Ouganda, la France. Cela pose beaucoup de questions sur la circulation des danses, entre le contexte français et ougandais, et d’horizontalité dans le dispositif scénique. Nous avons traversé ces sujets qui sont partagés, en ping-pong avec la dramaturge Marine Relinger, avec Gaëtan-Brun Picard qui s’occupe de l’aspect pédagogique, et Anne-Sophie Turion/Pia de Compiègne sur l’aspect plastique du spectacle, avec les enfants marseillais et avec les Wakastarz pour trouver un dialogue sur scène qui évolue de la battle à la fusion. Le ping pong ça va être le nerf, le muscle de ce projet. La première idée forte est que nous souhaitons construire un double spectacle. Dans le théâtre français, il y aura un public qui regarde la scène avec les enfants marseillais et l’image des Wakastarz. Du côté physique des Wakastarz - en Ouganda - il y aura un public ougandais qui assistera également à la représentation.

Comment cohabites-tu avec ta folie ?
À la fois en tant qu’artiste et dans ma vie, ma folie, c’est de produire toujours, de remplir mes journées, notamment par le travail. Comment être présent au quotidien dans la relation avec ses proches, avec les personnes avec qui on travaille et en même temps développer de multiples projets sur trois à quatre ans. C’est une gymnastique perpétuelle. Une pensée qui me traverse en ce moment, est celle d’Edouard Glissant : « Agir en son lieu, penser le monde »

Quelle langue voudrais-tu chatouiller avec tes cils ?
EM : C’est un souvenir de volontariat dans une réserve indienne Navarro au nouveau Mexique, aux Etats-Unis. Je suis tombé par hasard sur un discours lors d’une réunion de communauté, un discours politique d’un vieux sage Navarro. C’était le ton d’une revendication, d’une dignité. C’est une langue inconnue qui est dans musicalité dans sa mythologie. C’est ce qui peut me faire déplacer.

A quelle question répondriez-vous « À vous de voir » ?
Voir, cela évoque aussi l’image. Aujourd’hui on ne regarde plus simplement les images, les images nous regardent. Elles voient à travers des robots, des algorithmes qui analysent ce que nous faisons. Elles nous surveillent. Dans ce projet, les images se répondent.

Publié le 17/03/2021


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