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ARCHIVILLE

ARCHIVILLE (2021)
Peindre un palmier, dessiner une ombre sur un parking, esquisser une tour médiévale, un hôtel mythique en bord de mer. Représenter la ville de Hyères permet de considérer son paysage étendu, ses couleurs et ses contrastes, ses bâtiments iconiques et ses figures ordinaires.

Autant de caractéristiques qui renvoient à la notion de pittoresque, dont l’étymologie pittoresco signifie
« à la manière des peintres », « expressif, original », mais aussi « digne d’être peint, de fournir un sujet à un peintre ». En 1950, paraissent les croquis de l’architecte chargé des bâtiments civils Albert Laprade. Il consacre à Hyères
une planche de ses carnets, sur laquelle sont dessinés et juxtaposés sans hiérarchie la façade de l’église Saint‑Paul, l’angle d’une rue de la vieille ville, une porte d’entrée, un chapiteau en marbre ; des objets qu’il juge « inutiles mais agréables ! »1. Ces attentions à ce qui est là, qu’il soit remarquable, historique ou banal, brouillent les frontières entre les lieux touristiques extraordinaires et les pratiques quotidiennes. Elles inscrivent Hyères dans des « phénomènes de réinventions et d’hybridations récréatives et géotouristiques »2 caractéristiques du post-tourisme.

Dans l’histoire de la représentation, la peinture de ville s’inscrit dans celle de la pratique touristique. Au XVIIIe siècle, la rencontre des peintures paysagères flamandes et des perspectives italiennes contribue au développement de l’art de la veduta, qui prospère en Italie grâce aux voyages qu’entreprenaient les aristocrates et hautes classes sociales3. Les vedute étaient des peintures de vues
panoramiques et réalistes de Venise, avec lesquelles les touristes repartaient pour garder un souvenir et un témoin de leur voyage. Une forme ancienne de carte postale, dont Giovanni Antonio Canal, dit Canaletto, fut un représentant.
La figure de l’amateur émerge alors, et devient actrice de la circulation des œuvres d’art. Les vedute étaient aussi pour les villes un moyen d’exercer par l’image une influence culturelle au-delà de leur territoire. Les proportions, les effets de lumières y sont exagérés de façon à exacerber l’architecture. L’image emportée par le visiteur est à la fois un beau souvenir et une manière pour les villes de saisir un imaginaire choisi. Avec les portraits, la peinture de monument est le sujet de prédilection des peintres amateurs.

Publié le 11/03/2021


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