UssaR

Après avoir accompagné des artistes comme Léonie Pernet, Charlélie Couture, Kery James ou encore Youssoupha, UssaR part au front et porte sur scène Étendues, son premier EP.

Longtemps dans l'ombre donc, le chanteur ne se sent pas frustré par cette période et ne souffre pas « du syndrome d'Iznogoud ». Avec 10 ans de tournée derrière lui, il est donc presque naturel que le titre de son projet s'intitule Étendues puisque le voyage, l'errance et les moments de nomadisme lui permettent de composer son histoire. L'envie d'écrire survient également grâce à plusieurs scènes de vie marquantes car l'artiste dit avoir besoin de visualiser le cadre, la lumière et ses personnages afin de remplir une page blanche. Influencé par l'abstract hip-hop de Flaying Lotus par exemple, mais aussi par le jazz ou la musique classique il mêle les notes de son clavier à celles de ses machines et fabrique sa propre texture musicale.

UssaR ou l'autre version d'Emmanuel Trouvé (de son vrai nom) ne plonge pas complètement dans le pathos car il oscille entre lui et ce double qui représente son « soldat intérieur » livrant, avec sobriété, une guerre douce aux émotions, aux vexations du quotidien, ou encore à la société pouvant devenir terne ou « déshumanisée ». Parfois sombre, le quotidien « pue le vide » dans le titre Loin écrit à la fin du confinement, « J'étais au top de ma forme à ce moment là ! » ironise l'artiste, ou éternel amoureux dans l'incontournable et entêtant 6 milliards et dans Le havre qui nous emmène à bord d'une Volvo, cigarette au coin des lèvres sur les plages normandes afin de constater que « sur l'écume ta silhouette s'estompe et ma bière a fini de couler ».

Les thèmes explorés « se crashent » et tournent en boucle tel un « ostinato ». Lors de ses concerts, le public navigue avec lui sur une barque-atelier à la manière d'un impressionniste et contemple les paysages qui se dessinent au fur et à mesure des morceaux, une douce balade portée par une voix suave à travers quelques décors qui ravivent les souvenirs et images égarées dans les méandres de notre cerveau. Après cette tournée en France, à la rencontre de son public, qui lui permet de tester et consolider ses créations, l'artiste retrouve les studios d'enregistrement et « ce vide fertile » afin d'écrire la suite d'un chemin qui semble déjà très prometteur.

Propos tirés d'une interview réalisée par Clémence Bry aux Ateliers Jouret à Roubaix lors du festival We Loft Music (La cave aux poètes)