L’histoire de ce séducteur impénitent, pourfendeur des bien-pensants a fait le tour du monde jusqu’à devenir un mythe. De Tirso de Molina, son créateur à Mozart en passant par Molière, l’homme qui abandonne, abuse, trompe et accumule ses conquêtes qui dépassent le millier, défie l’ordre social et religieux établi et choisit la liberté et la mort, a fasciné toutes les générations depuis trois siècles. Julie Brochen en donne avec les comédiens de la troupe du Théâtre national de Strasbourg qu’elle dirige, une version décapante qui bouscule nos habitudes tout comme Dom Juan aimait le faire… C’est Mexianu Medenou, jeune acteur beninois de 24 ans qui incarne sur l’échiquier de la vie un Dom Juan libertaire, insoumis et révolutionnaire qui répondra à l’appel final de la statue du commandeur, ici une femme, renversant ainsi les codes et les interprétations orthodoxes. L’apparition de la « commandeuse » qui clôt le spectacle de manière inattendue nous fait dire : la descente aux enfers du séducteur-dissident est-elle plus douce dans les bras d’une femme ? Quant à Mozart, il est bien là, car ce sont les notes de son Requiem qui ponctuent ce Dom Juan décidemment anti-conformiste de Julie Brochen.