Si elle pouvait danser nue sous les palmiers

Seule sur scène, levant un poing rageur contre l’inégalité sexuelle ou raciale, la jeune Antoinette Gomis célèbre la différence, la sensualité, la femme et la femme noire. Au son de la voix rauque de Nina Simone elle danse les paroles chantées par la diva et écrites par le poète Waring Cuney en mêlant hip-hop, free style, danses traditionnelles de la Guinée Bissau et langages des signes afin de créer un vocabulaire commun, dans l'idée de partager son discours.

Dans la chanson, Nina Simone pensait que son corps brun n’avait pas d’éclat et rêvait d'un monde où elle pourrait danser nue sur la plage et s'aimer. «Elle ne sait pas / Qu'elle est belle / Elle pense que son corps brun / N'a rien de glorieux. / Si elle pouvait danser / nue, / Sous les palmiers / Et voir son image dans la rivière / Elle le saurait, oui elle le saurait. » Avec fougue et panache, se souvenant des rires de ses camarades de classe parce que sa peau était « trop » foncée, Antoinette Gomis, cette chorégraphe noire danse en tenue noire devant un fond noir afin d'honorer la beauté consciente de son corps et d'honorer la beauté individuelle et collective. Complètement habitée, la danseuse envahit la scène comme un feu mystérieux et hypnotisant. Un spectacle coup de cœur oscillant entre les couleurs, les cultures, les générations, les mœurs, et les disciplines. Un hommage à toutes celles qui se battent pour l’égalité des femmes et le droit à la différence.