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cinéma

Mary & Max

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Mary Dinkle est une petite fille de 8 ans joufflue, affublée d'une grosse paire de lunettes, d'une tache de naissance au beau milieu du front et qui partage sa demeure dans la banlieue de Melbourne avec un père absent, une mère alcoolique et son seul ami : un poulet décharné. Lorsqu'elle décide un jour d'écrire à un Américain pour connaître la provenance des enfants, elle choisit par hasard Max Horowitz, un juif obèse new-yorkais de plus de quarante ans, solitaire et souffrant de difficultés à communiquer avec le monde qui l'entoure. Pendant 20 ans, les deux correspondants ne cesseront de s'envoyer des lettres partageant leurs vies et évoquant leurs expériences.

 

 

Récompensé en 2004 par un Oscar pour son court-métrage Harvie Krumpet, c'est un peu sous la pression qu'Adam Elliot se décide à franchir le pas du long-métrage. En s'inspirant en partie d'évènements de sa propre vie, il prend le pari de faire entrer de plain pied le film d'animation dans l'âge adulte. L'apparente innocence de ses créations de pâte à modeler crée un subtil paradoxe avec la maturité des thèmes exprimés (l'alcoolisme, la solitude, le syndrome d'Asperger, l'acceptation de soi), le tout jouant joliment avec une alternance de couleurs brunes côté Australie et grises lorsqu'on est à New-York. Préférant une voix-off habilement posée à des dialogues et une narration directe, Adam Elliot, à l'issue d'une année entière de tournage dans son studio australien réussit là où les plus grands studios d'animation comme Disney, Dreamworks et même Pixar ont échoué jusque-là : il signe un formidable film d'animation pour adultes, à la fois poignant et nourri d'un regard riche sur la société et les individus. Entre un matériau très naïf, le ton très réaliste de son récit et un rythme savamment entretenu à coups d'allers-retours temporels et géographiques, le cinéaste parvient à ne trahir ni sa méthode, ni son propos et à signer une belle histoire douce-amère autour de la force de l'amitié.

 

Publié le 30/09/2009 Auteur : Guillaume B.


Mots clés : cinéma