On entre dans la salle du Théâtre du Nord comme dans un musée… Normal ! La pièce récemment créée au Louvre se déroule dans une salle de musée, murs rouges sombres, parquet ciré et immenses tableaux, scénographie signée Richard Peduzzi. « Les musées sont des maisons qui abritent des pensées » nous dit Proust cité par Chéreau. Le musée comme métaphore de la mémoire et de la mort. De la vie aussi, qui fut et qui tente ça et là quelques sursauts. De l’amour passé que l’on devine à l’amour présent qui est intense, tout nous est suggéré et mis à nu par Elle (Valeria Bruni-Tedeschi) et Lui (Pascal Greggory), le couple sur lequel toute la pièce de Jon Fosse, ce merveilleux auteur dramatique norvégien, repose. Ces deux-là nous jouent à fond le retour du désir brûlant et ravageur par-delà les années dans un vertigineux brouillage temporel. « Je hais les sentiments » nous dit l’Homme qui ne veut pas être infidèle… face à l’infinie solitude de la Femme. Une pièce existentielle en somme et qui nous concerne tous, surtout quand elle est plus que magistralement interprétée.

Quand au début de la pièce, une vieille dame (Michelle Marquais) entre pieds nus un bouquet de fleurs blanches à la main, l’air hébété, en fixant le public dans un très long silence, on se dit alors la gorge serrée qu’il va se passer là quelque chose qui pourrait nous bouleverser. Gare à ne pas se laisser étrangler par la terrible nostalgie qui irrigue ce Rêve d’automne !