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conférences

Le trio jazz, un couple à trois ?

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L'Alcazar accueille une conférence musicale de François Billard, illustrée par le trio du pianiste Vincent Strazzieri, suivie d'une rencontre avec Ahmad Jamal. en écho à sa participation au Festival jazz des cinq continents.

Le trio, le plus souvent composé d'une piano, d'une contrebasse et d'une batterie, est une formule très prisée des jazzmen; Son histoire remonte aux années 1930, sous sa forme « primitive » et il a fallu pratiquement attendre le milieu des années 1940 pour qu'elle trouve sa vraie carburation avec des groupes comme celui du pianiste-chanteur Nat King Cole. Bientôt, le bebop développa la formule et autour de pianistes tels que Bud Powell, on trouva quelques rythmiques particulièrement dynamique (citons quelques « accompagnateurs » parmi les plus grands : les contrebassistes Ray Brown et Oscar Pettiford, les batteurs Max Roach et Kenny Clarke). Il fallut néanmoins attendre le début des années 1950 pour trouver un vrai trio, une formule réellement égalitaire. Non pas un pianiste soutenu par deux musiciens, mais trois hommes créant au même niveau, dialoguant sans souci hiérarchique. Le trio en question était celui de Ahmad Jamal avec Israël Crosby à la contrebasse et Vernell Fournier à la batterie. Quelques années plus tard, s'imposa le trio de Bill Evans avec Scott Lafaro à la contrebasse et Paul Motian à la batterie. Au fil des ans, l'égalité devint une réalité plus palpable -on pourrait citer l'exemple fameux du trio Standards de Keith Jarrett, mais la formation de Jamal demeure le plus bel exemple d'une vraie liberté ternaire. 

Les morceaux choisis par le trio du pianiste Vincent Strazzieri pour illustrer la conférence seront en grande majorité des « standards », car les standards, morceaux de référence, sont comme la matière même du jazz, un vocabulaire utilisé par tous. Que l'on interprète Les Feuilles mortes (Autumn Leaves) de Joseph Kosma, ou All Blues ,de Miles Davis, on parle le même langage, mais chacun peut en proposer sa propre version. Cela dessine un champ d'interprétation quasiment infini, ouvert aux comparaisons et à tous les défis. Le pianiste Ahmad Jamal, musicien afro-américain né à Pittsburgh en 1930, occupe une position fort originale dans le jazz et figure parmi les dernières légendes vivantes. Il connaît la gloire dès le milieu des années 1950, inaugurant à la tête de son trio une formule particulièrement originale. Sa conception du petit ensemble était très à l'avance sur son temps et Miles Davis en comprit toute la richesse. Jamal avait inventé un espace à trois, un périmètre musical où chaque accent, chaque silence prenait toute sa dimension. Ahmad Jamal demeure sur le devant de la scène, se consacrant de plus en plus à la composition, échappant aisément à la tyrannie de modes, imposant sur scène une sorte de sérénité contagieuse. A l'intérieur du jazz et au-delà : la vraie musique classique du XXe siècle en quelque sorte.

 

Publié le 15/07/2011 Auteur : SMP

Le 19 juillet à 17h, salle de conférence de la BMVR l'Alcazar, cours Belsunce à Marseille. www.bmvr.marseille.fr


Mots clés : conférence