Le Grand Bain, 10ème

Pour cette année de multiples (40 ans de Danse à Lille, ancêtre du Gymnase ; 20 ans d'installation dans la salle roubaisienne du même nom et 10 ans du festival initié par Céline Bréant) le temps fort, voulu comme un concentré des paysages de la danse contemporaine, continue de visiter la variété stimulante de la création actuelle. Le Grand Bain célèbre aussi un parcours territorial qui traverse la région depuis Dunkerque jusqu'à Creil en passant par Amiens ou Laon, mais dont le cœur battant demeure roubaisien entre le Gymnase et le théâtre de l'Oiseau-Mouche. Sur les plateaux, les habitués (Thomas Lebrun, Anne Teresa de Keersmaeker, Emmanuel Eggermont...) cotoîent les internationaux (Soa Ratsifandrihana, Simone Mousset, Silvia Gribaudi, Louise Lecavalier...) et les chorégraphes français (Arthur Perole, Solène Wachter, Julien Andujar, Simon Le Borgne...). On y questionne notamment le rapport au travail (Être autre d'Alejandro Russo), le travail en duo (The lost pieces de Sylvain Huc et Thiago Granato), les imperfections attachantes (Graces de Silvia Gruibaudi), le mélange des formes dans un ballet puissant (Empire of a faun imaginary de Simone Mousset), le choix et ses renoncements (For you/not for you de Solène Wachter), les figures disparues et leur influence (L'envahissement de l'être (Danser avec Duras) de Thomas Lebrun) ou la brutalité des dogmes (Any attempt will end in crushed bodies and broken bones du Jan Martens Dance On Ensemble). La programmation concoctée par Laurent Meheust y déploie une furieuse et gourmande envie de faire partager les visages de la danse au fil d'un large panorama de la danse d'aujourd'hui (35 propositions), autant qu'un exemple de construction collaborative (31 partenaires). De quoi faire de la place aux nageurs de fond comme à ceux qui préfèrent garder pied.