Sortir : Comment est né le festival ? Pourquoi à Charleville ?

Julien Sauvage : Il y a eu deux naissances pour l'association Cabaret Vert : la première, avec un groupe de rock, dont je faisais partie Après une formation, nous avions appris que nous former en association nous permettrait de pouvoir facturer nos concerts, et ne plus être payés au black.
En parallèle, je menais des études supérieures et jen avais marrer d'entre toujours dire les mêmes choses négatives sur les Ardennes : qu'il n'y avait pas de boulot et que si tu finissais par en trouver un, c'est que tu avais raté ta vie professionnelle.
C'est à partir de cette asso que l'idée de créer un évémenent qui mettrait en valeur le territoire s'est constuite.
La première édition s'est montée entre 2002 et 2005 avec une équipe encore là aujourd'hui.

Ainsi, l'association Cabaret Vert n'est pas qu'une asso culturelle dédiée à un festival de rock. Nous nous revendiquons comme un acteur du développement local, et c'est pour ça que nous envisageons tout à fait mener d'autres types de projets, touristiques par exemple, dans les environs.

La Cabaret Vert, ce serait un mix entre les Eurockéennes de Belfort, créées par le département pour améliorer l'image du territoire, et les Vieilles Charrues pour l'esprit, même si nous nous situons à un plus petit niveau.

Sortir : Comment se traduit cet ancrage territorial ?

Julien Sauvage : Nous sommes le seul gros festival à faire le choix de travailler avec des brasseurs locaux. Ce choix implique non seulement une complexité logistique (nous sommes obligés de travailler avec de multiples brasseurs pour pouvoir assurer un bon approvisionnement pendant toute la durée du festival) mais aussi un manque à gagner puisque nous nous privons d'un sponsoring d'une grande marque de bière. Les limonades sont elles aussi locales, tout comme les jus de fruits (produits dans un rayon de 200 km). Grâce à ces choix, nous pouvons assurer des retombées économiques directes pour le territoire.
Nous avons mené une étude entre 2010 et 2013 qui a montré que pour un euro de fonds publics ou privés, 13 à 14 euros revenaient dans le territoire. Nous présentons aussi l'avantage d'être en centre-ville, ce qui permet aux commercants de bénéficier de l'afflux de visiteurs.

Pourquoi opter pour un festival pluridisciplinaire ?

Julien Sauvage : Quatre jours de festival représentent pas mal d'heures de musique, non-stop... Nous voulions créer des bouffées d'oxygène avec de l'art de rue, des animations autour de la BD, des courts-métrages, etc. C'est important pour nous de miser sur le bien vivre ! C'est cette attention portée à l'accueil qui fait aussi du Cabaret Vert ce qu'il est aujourd'hui : un festival qui ressemble plus à une colonie de vacances. Sur les 94 000 personnes qui viennent au Cabaret, la plupart le font d'ailleurs avec un pass 3 ou 4 jours plutôt qu'avec un billet 1 jour.

Sortir : Qu'en est-il de la programmation 2016 ?

Julien Sauvage : Une programmation plus éclectique que l'année dernière, et dans ce sens plus proche de l'édition 2014. Quelques grands noms (Indochine, Louise Attaque, Arno, Bloc Party) qui assurent une bonne fréquentation et quelques découvertes pour le grand public (Club Cheval, MHD...). Une vraie biodiversité culturelle !
Nous avons aussi une programmation réservée aux artistes régionaux entre 5 et 10 artistes régionaux (cette année : We are Shadows, Grand Morse, Yeti Lane...).
Tous ces artistes, répartis sur trois scènes du festival, représentent une énergie, et pas seulement rock. Il s'agit d'avoir des choses à dire sur scène.