Se donnant la réplique pour la première fois, ils s’enthousiasment de jouer « sur le même mode, la même longueur d’onde ».  Autodidacte, Lanvin, revendique cette façon de « jouer dans les yeux de l’autre». Aujourd’hui, « avec Gérard [Jugnot], c’est la même émotion » poursuit l’acteur. Chicaneur, Lanvin balance de but en blanc que cela n’a pas toujours été le cas pour son confrère. « Avant, [Jugnot] jouait sur une solution qu’il avait trouvé ». Autrement dit, une composition du personnage à défaut de sincérité. L’intéressé fait amende honorable. « J’étais dans le ‘montrer’, maintenant, je suis plus dans ‘l’être’ ».  Lanvin, doyen du duo s’en réjouit : « Jugnot, c’est ma came » conclue t-il. Deux comédiens qui revendiquent aujourd’hui cette façon de jouer « à l’instinct », à la Ventura et De Funès. 


Gérard Lanvin aime à le rappeler, il s’est construit tout seul. Encouragé par Coluche et Lamotte, il se lance dans l’aventure qui, dit-il, « a changé sa vie ».  Vingt ans plus tard, les deux se racontent comme deux compagnons de régiment. « Ce mec là me motivait » lance Jugnot, mi-admiratif, mi-envieux. « Il  sortait des puces. Il n’avait pas pris un cours, nous on y avait passé trois ans et on n’y arrivait pas. C’était écœurant ».

 

Les risques du métier, comme on dit. Moins dangereux que ceux qu’ils prennent dans le film de Frédéric Auburtin.  Ou les mésaventures d’un journaliste et de son preneur de son, coupables de bidonnage. « Ce n’est pas une charge contre le journalisme ou une plaisanterie sur les otages » tempère Jugnot. « Ca me rappelle Papy fait de la résistance. A l’époque, ils avaient choisi comme slogan ‘ Le film qui a coûté plus cher que le débarquement’. Si on fait ça aujourd’hui, imaginez la levée de boucliers ». En définitive, conclue Lanvin, « On peut se foutre de la gueule de ce qu’on veut… Là c’est pas méchant ! ».