Huiles essentielles

D’abord le titre : du camphre et du cuivre. C’est évocateur, poétique et puis simplement beau. Un titre, c’est une entrée en matière, cela annonce la couleur. Avec Camphor and Copper, Melissa Laveaux nous invite dans un univers fait de douceur, de mystère et de chaleur. Elle est canadienne, fille d’Haïtiens ayant quittés leur terre natale, et chante maintenant depuis plusieurs années une forme de blues polyglotte, en anglais, en créole et en français. Armée de sa seule guitare, tout juste épaulée par quelques ornementations rythmiques subtilement distillées par son compère Rob Reid, on ne peut s’empêcher de tirer quelques plans vers une autre comète nommée Yael Naïm. Même organisation musicale, même apparente simplicité et sans doute même amour de la musique.

Sur son premier album, en réalité issu d’un autoproduit réalisé sur le sol canadien, Mélissa Laveaux charrie une somme d’influences sans jamais sombrer dans le pastiche. Certains entendront des proximités nettes avec quelques folkeuses modernes, d’autres souligneront l’influence de chanteurs hauts–parleurs ou peut être que tous s’accorderont sur la créolité de sa musique hybride. Ce qui fera de toute façon consensus, c’est l’étonnante maturité de cette jeune femme âgée d’à peine 23 ans qui réussit  en 12 titres et 37 minutes à poser un univers et un son caractéristiques et, mieux encore, à porter une musique aux vertus apaisantes si ce n’est curatives. C’est assez rare pour être souligné et c’est surtout très encourageant pour la suite de sa carrière qu’on imagine déjà bien longue.