Charivari acidulé

Une scène emplie d'accessoires, et une poignée de comédiens. En attrapant un objet, un homme est envahi par un flot de souvenirs. Des souvenirs revécus, recréés et réinterprétés par les cinq comédiens qui en les relisant inondent la scène de moments colorés, ordinaires ou beaucoup moins. Sans plus de fil qu'une série d'associations d'idées, les comédiens-jongleurs-acrobates ouvrent les portes d'un univers intime que chacun reconnaîtra sans mal. Ordinaire leur ordinarium ? Pas vraiment, chaque petite scène apporte son lot de nouveautés et jamais les numéros virtuoses des artistes ne sont gratuits, servant chaque fois la narration, permettant la recréation de moments singuliers portés par les couleurs acidulées de l'enfance et une poésie soigneusement dosée.
Que ce soit en lançant des confettis de papier pour recréer une chute de neige ou en filmant la course d'une voiture miniature façon suédée à la Michel Gondry, le spectacle excelle à recréer les sensations fugaces de l'enfance ou les petits riens subtils qui font tout le sel de nos vies.

Sans grandiloquence ni maniérisme, avec ce qu'il faut de rythme et de calme, l'équipe des Méli-Mélo signe là un retour emballant, dynamique et chaleureux. Accessible au plus grand nombre, leur Ordinarium, conduit par Thomas Piasecki sait doser intelligemment l'humour et la tendresse, la parole et le geste, l'accessoire et l'essentiel sans jamais donner ni dans la redondance, ni dans le tape-à-l'oeil. Même s'il n'est pas exempt de quelques défauts (des voix qui cherchent à raconter pendant que les corps s'agitent à autre chose, notamment), le spectacle ressemble à un gâteau coloré aux mille saveurs qui prend une valeur nouvelle quand il est partagé.