Avant les spectacles, au-delà des représentations, le ciment du Manifeste, ce sont d'abord les rencontres. Celles qui se produisent évidemment entre les spectacles et les spectateurs, mais aussi celles des artistes avec le public. Car, chaque représentation y est l'occasion d'un échange entre participants et spectateurs. Qui plus est, dix jours durant, une centaine d'artistes en herbe viennent prendre part à des ateliers animés par les artistes invités à se produire lors des deux jours du rendez-vous. Cette année, de la Suède à la République Tchèque en passant par le Québec, le Danemark et la France, spectacles et artistes invitent à un panorama contrasté du théâtre d'aujourd'hui. La compagnie Divadlo Líšeň et ses marionnettes dénoncent la dérive du président russe dans Poutine fait du ski, venues de Suède, Amanda Bilberg et Margareta Tejne-Abelli proposent Histoire de résistance, le Québécois Maxime Plamondon revisite l'art du conte dans 604800 secondes pour le dire, tandis que Remi De Vos avec Des mots pour la bouche et le corps questionne le processus d'écriture ou que Nicolas Lambert décrypte les volte-faces politiques dans Le maniement des larmes et que la cie Himherandit questionne les genres dans The WOMANhouse. Entre spectacles et représentations des participants aux ateliers, le Manifeste 2016 se veut plus concentré que d'ordinaire tout en gardant ce qui fait sa force : une ambiance d'une grande convivialité, une exposition pour accompagner le festival (cette année, le sérigraphiste Zazou s'exprime autour du rock), une restauration généreuse et une librairie pour nourrir les corps comme les esprits. Un temps fort axé sur le partage entre artistes et participants qui, loin de séparer la scène du public en la sacralisant, fait de la porosité entre les participants un de ses chevaux de bataille au fil de spectacles engagés destinés à alimenter la réflexion collective des sociétés modernes. Une bataille qui continue de demeurer essentielle, 13 ans après son démarrage.