Le lys de Brooklyn, c'est une histoire avant l'histoire : paru en 1943 aux Etats-Unis, publié une fois en France à peu près à la même époque, jamais plus ensuite malgré un succès qui ne se démentait pas outre-Atlantique, cité dans la série Gilmore Girls, Ugly Betty et même dans une chanson de Jay-Z, attisant ainsi des curiosités difficiles à satisfaire. Le roman se prêtait ainsi parfaitement aux ambitions de la collection Belfond Vintage : rééditer des textes inexplicablement laissés dans dans l'oubli. Le lys de Brooklyn, c'est Francie Nolan. Une petite fille pauvre d'origine irlandaise à travers laquelle le lecteur remontera l'histoire de la famille Nolan. Johnny, le père « serveur-chanteur » à la prestance superbe, profondément gentil, mais (trop) sensible à l'alcool. Katie, la « mère-courage » parfois dure avec ses enfants pour les préparer à la vie et Neeley, le petit frère fonceur presque indifférent à la misère environnante. Francie, elle, en souffre et, pour s'échapper, lit un livre chaque jour. Son ambition, c'est de lire tous les livres de la bibliothèque voisine, qu'elle croit contenir tous les livres du monde. Dans cette fresque familiale à l'accent social, Betty Smith entraîne, grâce à de splendides descriptions très vivantes, le lecteur à travers les rues de Brooklyn, à l'intérieur des boutiques où les commerçants regardent durement ces clients sans le sou, dans les maisons chichement chauffées l'hiver, sur les trottoirs brûlants l'été... où Francie Nolan et son optimisme obstiné n'en finiront pas de marquer le lecteur.

New-York aujourd'hui
Dans Dieu me déteste, Richard Casey a presque dix-huit ans. C'est un ado ordinaire, si ce n'est qu'il sait qu'il n'aura jamais dix-neuf ans. Car Richard Casey est malade. Il a une DMD : une « Dieu me déteste » en phase terminale. Il se révolte, veut respirer hors des murs de l’hôpital, flirter avec sa voisine de chambre... et se rassure en pensant qu'au moins il ne souffrira pas de ventre bedonnant précoce. Car même mal en point, Richard Casey est plein d'humour. Aidé par son oncle Phil et soutenu par sa mère, il entend bien avoir droit à sa part d'insouciance.
Avec ce nouveau label, La Belle Colère, Stephen Carrière (des éditions Anne Carrière) et Dominique Bordes (des éditions Toussaint Louverture) explorent le domaine de la littérature dans laquelle les héros sont des adolescents. Une littérature pour adultes qui, à la façon de Extrêmement fort et incroyablement près ou du Bizarre Incident du chien avant la nuit plaît tout autant aux lecteurs plus jeunes. Car s'il est bien question de révolte dans Dieu me déteste, il est aussi question d'amour et d'espoir, sans pathos superflu ni tirades larmoyantes. Comme Hazel dans Nos étoiles contraires (de John Green), Richard Casey refuse de se laisser mourir dans une chambre d’hôpital en écoutant de la harpe. Et en se révoltant, il grandira en comprenant que, oui, la vie est profondément injuste, mais pas seulement pour lui... Le prochain titre de la collection, La Ballade d'Hester Day de Mercedes Helnwein est prévu pour mai 2014. L'histoire d'une jeune fille, d'un bal de promo, d'un apprenti poète, d'un cow-boy de l'espace et du FBI.